99 % des entreprises déclarent avoir déployé au moins une solution d’IA — mais combien de ces initiatives passent réellement à l’échelle ?
Wavestone publie aujourd’hui l’édition 2025 de son Global AI Survey, qui dresse un état des lieux de l’adoption de l’intelligence artificielle dans les entreprises françaises. Les résultats révèlent des investissements en forte hausse et une confiance croissante dans les bénéfices attendus. Mais derrière cette assurance, souvent teintée de wishful thinking, se cache une réalité plus nuancée : la majorité des organisations peinent encore à démontrer une création de valeur tangible. Beaucoup n’en sont qu’aux premiers stades de maturité, expérimentant sans encore transformer en profondeur leurs modèles et processus.
Principaux enseignements
L’IA est incontournable dans la stratégie des entreprises, mais la maturité réelle reste faible.
Le ROI de l’IA reste largement non mesuré et non prouvé.
La souveraineté est une priorité affichée, mais rarement concrétisée.
La transformation profonde des processus et des organisations est encore à venir.
Le principal risque pour les entreprises : investir sans transformer, et donc sans générer de valeur durable.
« Notre enquête met en évidence un tournant stratégique majeur : si la quasi-totalité des organisations reconnaissent aujourd’hui le potentiel transformateur de l’intelligence artificielle, leur réussite dépendra avant tout de leur capacité à convertir une vision ambitieuse en une exécution maîtrisée. Mais la rigueur opérationnelle, à elle seule, ne suffira pas : les leaders de demain seront ceux qui sauront repenser leurs modèles d’organisation et leur processus métiers dans un environnement désormais façonné par les systèmes intelligents. » déclare Imène Kabouya, partner chez Wavestone.
Une adoption massive de l’IA, mais une maturité inégale
L’intelligence artificielle s’est imposée comme un passage obligé pour les entreprises françaises : 99 % déclarent avoir déployé au moins une solution d’IA. Mais seules 55 % l’ont réellement inscrite au cœur de leur stratégie. L’écart entre ambition et réalité se mesure aussi dans les budgets : 14 % des dépenses IT sont aujourd’hui consacrées à l’IA — un signal fort, mais encore éloigné d’une transformation en profondeur.
Des succès souvent surestimés
Si l’IA promet une refonte structurelle des organisations, seuls 30 % des utilisateurs concernés par un déploiement d’IA ont réellement transformé leur manière de travailler. Dans la plupart des cas, les bénéfices restent difficiles à mesurer : peu d’entreprises disposent d’indicateurs robustes de ROI, et la majorité n’en est qu’aux premiers stades de compréhension du potentiel de transformation que l’IA peut offrir.
Fondations et souveraineté : entre ambition et pragmatisme
Les organisations les plus avancées dirigent leurs investissements dans les fondations invisibles mais essentielles au déploiement industrialisé de l’IA : plateformes d’IA et de données, gouvernance des modèles et des usages, qualité et sécurité des données et intégration de l’IA dans les processus cœur. Pour leurs choix technologiques, 87 % des entreprises citent la souveraineté comme priorité stratégique. Mais dans les faits, la performance et les coûts demeurent les principaux moteurs de décision.
Vers l’ère des “agentic organizations”
L’émergence des “agentic organizations” — où humains et agents intelligents collaborent au quotidien — redéfinit les attentes vis-à-vis de l’IA. Cette évolution ouvre des perspectives considérables, mais aussi de nouveaux risques : orchestrer plusieurs agents suppose de repenser les modèles opérationnels, de définir des cadres de responsabilité et de mettre en place des garde-fous éthiques. Beaucoup se précipitent pour adopter ces technologies, peu sont réellement prêts à les gouverner.
Le vrai enjeu : prouver la valeur et transformer à l’échelle
En 2025, la question ne sera plus qui expérimente l’IA, mais qui saura démontrer la valeur, industrialiser de façon responsable et ancrer la confiance au cœur de la transformation. C’est à cette condition que l’IA deviendra un véritable levier de compétitivité durable, et non la simple manifestation d’une forme de FOMO technologique.