Agents IA : vers un nouveau modèle de collaboration homme–machine

Agents IA : vers un nouveau modèle de collaboration homme–machine

Les agents d’intelligence artificielle franchissent une nouvelle étape : ils ne sont plus de simples outils d’efficacité, mais deviennent des collègues collaboratifs, capables d’exécuter, de décider, d’interagir et de contribuer à la performance globale. Cette évolution oblige les organisations à repenser leurs structures, leurs compétences internes et leur gouvernance.

Le rapport Forrester « Agent Experience (AX) : Employee Communication And Oversight For The Age Of AI Agents » fournit un cadre stratégique particulièrement utile pour aborder cette mutation. Il formalise ce que les entreprises doivent mettre en place afin de travailler efficacement avec des agents IA de plus en plus autonomes.

L’AX : une nouvelle discipline stratégique

L’expérience agent (AX) vise à préparer les collaborateurs à interagir, superviser et coopérer avec des agents IA. Selon Forrester, la montée en puissance de ces systèmes impose l’acquisition de cinq compétences clés :

  1. Gestion des connaissances : organiser et structurer l’information pour que les agents IA puissent produire un travail fiable.

  2. Gestion du changement : accompagner l’évolution des métiers et des processus.

  3. Esprit critique : évaluer, questionner et valider les résultats générés par l’IA.

  4. Compétences relationnelles : maintenir la cohésion et la coordination au sein d’équipes hybrides humain–IA.

  5. Supervision des agents : instaurer un contrôle continu, ajuster les comportements des agents et prévenir les dérives.

Cette approche ne relève pas uniquement de la technologie : elle redéfinit les relations de travail, les modèles d’organisation et la culture d’entreprise.

Les pionniers : Colgate-Palmolive et Ford

Certaines entreprises n’attendent pas que la transformation les rattrape. Chez Colgate-Palmolive, des programmes combinant formation IA, cas d’usage concrets et règles éthiques accompagnent les collaborateurs dans leur montée en compétence. Ford Motor Company adopte une démarche similaire, visant à préparer ses équipes à une collaboration fluide avec des agents autonomes tout en sécurisant les processus critiques.

Prévisions Forrester pour 2026 : une mise en garde

Les projections pour l’avenir du travail sont claires : d’ici 2026, les effets organisationnels de l’IA seront majeurs.

  • 50 % des licenciements attribués à l’IA seront annulés, les mêmes postes réapparaissant à moindre coût ou à l’étranger.

  • Les équipes RH pourraient perdre près de 50 % de leurs effectifs, non par fatalité, mais parce que de nombreuses directions testeront les limites de l’automatisation.

  • Les responsables RH devront maîtriser l’IA, ses usages et ses résultats, sans quoi les arbitrages seront défavorables et parfois irréversibles.

L’enjeu est donc autant stratégique qu’opérationnel.

Ce que les organisations doivent préparer dès maintenant

L’intégration d’agents IA autonomes nécessite :

  • une acculturation IA massive auprès des collaborateurs ;

  • une gouvernance claire, incluant supervision, audit, sécurité et éthique ;

  • une refonte des rôles, certaines tâches étant transférées, augmentées ou réinventées ;

  • une gestion des risques renouvelée, face aux dérives possibles des systèmes autonomes.

Ceux qui anticipent dès aujourd’hui transformeront l’IA agentique en avantage compétitif. Ceux qui tardent s’exposeront à des ajustements brutaux, notamment dans les fonctions RH.

par Stéphane

Stéphane Poignant est formateur RH et créateur de jeux sérieux, de guides pratiques et de contenus qui font bouger les lignes. Il explore les coulisses du SIRH, de la data RH et du learning by doing. https://www.linkedin.com/in/stephanepoignant/