Non, l’IA n’est pas responsable des licenciements chez Accenture » selon Stéphane Roder

a group of three people standing next to each other

Depuis la révélation des 11 000 suppressions de postes chez Accenture, l’entreprise justifie sa décision en invoquant la révolution de l’intelligence artificielle, qui aurait “dépassé” une partie de ses salariés. L’annonce a provoqué un vif débat dans le secteur du conseil : l’IA rend-elle réellement une partie des consultants obsolètes ou s’agit-il d’un prétexte commode pour masquer des difficultés économiques ?

Pour Stéphane Roder, Président d’AI Builders, la réponse ne fait aucun doute : « l’IA n’est pas la cause, mais l’alibi. »

« Effectivement, l’IA remet en cause l’utilité des consultants juniors dans leur capacité à faire des recherches et des synthèses. Ces usages sont encore peu développés, mais ils montent lentement en puissance dans les cabinets. Il faudra au minimum dix-huit mois pour que l’ensemble du secteur intègre ces nouvelles capacités et les standardise dans ses pratiques. Le métier de consultant Junior va devoir évoluer.

Cela pose un problème pour les futurs recrutements de juniors, mais pas pour ceux actuellement en poste : eux traverseront cette période de transition et deviendront seniors.

Pour les autres grades de consultants, il n’en est rien. Le consultant garde toute sa valeur et son utilité ; il n’y a donc aucun intérêt à s’en séparer, bien au contraire. Quant aux personnes prétendument incapables d’utiliser l’IA, rappelons que les consultants sont généralement diplômés bac + 5. Si l’IA n’est pas à la portée de bac + 5, c’est qu’on nous a menti sur sa capacité à nous aider.

Les arguments d’Accenture sont donc fallacieux : ils ne servent qu’à justifier le fait qu’Accenture, en très mauvaise passe financièrement, doive se séparer de 11 000 consultants faute de missions à leur confier. L’IA n’a rien à voir là-dedans. »

Pour Stéphane Roder, le débat ne porte pas sur la disparition des compétences, mais sur la manière dont les entreprises gèrent la transition technologique : intégrer l’IA demande du temps, de la formation et une adaptation organisationnelle, non des licenciements massifs.

par Stéphane

Stéphane Poignant est formateur RH et créateur de jeux sérieux, de guides pratiques et de contenus qui font bouger les lignes. Il explore les coulisses du SIRH, de la data RH et du learning by doing. https://www.linkedin.com/in/stephanepoignant/